ConstantineDe Francis Lawrence
Avec Keenu Reeves, Rachel Weisz, Tilda Swinton, Shia LeaBeeouf, Djimon Hounsu ....
Scénario de Kevin Brodbin, d'après la BD de Hellblazer
Production Lauren Shuler Donner, Benjamin Melniker, Michael E.Uslan, Erwin Stoff
Distribution Warner Bros
Durée 2h01
Ambitieux projet, aussi hasardeux à l’écran qu’il était envisageable en BD (culte, sombre et nauséeuse). D’autant plus risqué que le réalisateur Francis Lawrence, n’avait pour tout palmarès qu’un glorieux passé de clipeux. Il a dirigé son premier long métrage de main de maître dans ce tableau d’une humanité où, incognito, anges et suppôts de Satan se livrent à une lutte d’influence. Dieu le père lui même et Lucifer (lulu pour les intimes) ne s’affrontent pas ici dans une lutte acharnée et habituelle entre le bien et le mal mais lors d’un paris qu’il se sont fixer dont l’enjeu n’est rien d’autre que les âmes des humains où le tout puissant se comporte tel un enfant jouant avec une fourmilière … S’il est interdit à leurs représentants ici bas d’agir directement sur le destin des humains, ils sont autorisés à murmurer à l’oreille du quidam l’initiative qui l’enverra soit au paradis soit en enfer. Enfer d’où sort John Constantine, enquêteur privé anticonformiste spécialisé dans le surnaturel grâce à sa capacité de distinguer anges et démons dans la masse des simples mortels. Atteint d’un cancer des poumons et dont l’âme est destinée aux enfers, Constantine trouve néanmoins la force de déjouer un complot visant à contourner les règles du jeu …
Marqué par la vision dantesque d’un enfer d’Epinal et un L.A apocalyptique. Constantine prend son sujet au sérieux. Bourré d'action et d'humour décalé (On peut y trouver un ange Gabrielle androgyne tout droit sortis de
Dogma qui nous réserve pas mal de surprises …) mais forcement noir, très adapté à ce récit riche en en morceaux de bravoure, et en créatures démoniaques plutôt réussis. Dommage que l’on sente la manque d’assurance derrière tout cela : certaines scènes flottent, d’autres perdent leur impact malgré des effets spéciaux parfaits, tandis que la suivante fait mouche dans l’expression du surnaturel (surtout qu’il s’agit d’ombres et de breloques). Finalement, c’est avec les éléments les plus simples, surtout les archaïques rituels de communication avec l’au-delà dont une scène d’exorcisme digne du film de William Friedkin (
L'Exorciste), que Lawrence se montre le plus capable, le plus convaincant. Il est quand même regrettable qu’il n’est pas exploité jusqu’au bout sa vision cauchemardesque de l’enfer et son univers aussi oppressant qu’angoissant où un œil érudit peut distinguer dans chaque ombre et recoin une vision d’horreur de la manifestation démoniaque.
En deux mots : Keenu Reeves tubard, alcoolo et médium après s'être plus ou moins fourvoyé dans les deux suites de MATRIX et quelques panouilles, parfait dans le rôle principal d’un ambitieux thriller théologico-surnaturel intéressant mais dans un sens inachevé.